Dien Bien Phu
Dien Bien Phu, guerre & paix
Trois syllabes qui résonnent fort aux oreilles de générations aussi bien françaises que vietnamiennes et même pour le monde entier, puisque cette bataille a sonné le glas de l’Indochine française et a enclenché un processus de décolonisation en Asie du Sud-Est et à travers le monde.
Ce creuset du désastre militaire de l’armée française en Indochine se situe dans le nord-ouest du Vietnam, au cœur du pays Thaï, non loin de la frontière avec le Laos. La ville de Dien Bien Phu est une ville chargée d’histoire mais elle est également la capitale de la province de Dien Bien, dans la vallée de Muong Thanh, plus grande vallée rizicole du Tonkin où les rizières s’étendent à perte de vue aux pieds de ces montagnes et collines que le commandant du camp, Charles de la Croix de Castries, avait baptisé en souvenir de ses maîtresses : «Gabrielle», «Béatrice», «Anne-Marie», «Eliane», «Huguette», «Claudine», etc.
Dien Bien Phu et les vestiges de la guerre d’Indochine
Dien Bien Phu reste sans doute le plus grand vestige de la guerre d’Indochine. Le site constitue donc une destination incontournable pour ceux qui s’intéressent à cette guerre ou, plus généralement, à l’histoire de la colonisation française au Vietnam. Ce fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l'après Seconde Guerre mondiale, et l'un des points culminants des guerres de décolonisation. On peut estimer à près de 8 000, le nombre de combattants Vietminh tués pendant la bataille et on dénombre 2 293 soldats tués dans les troupes de l'armée française.
Aujourd’hui, l’ensemble des vestiges historiques de la bataille de la cuvette de Dien Bien Phu est répertorié comme site national spécial. La plupart des vestiges sont présent dans le centre-ville de Dien Bien Phu et pour ceux qui aiment les balades urbaines, il est facile et agréable de se balader en ville pour les découvrir comme :
- La colline A1 (Eliane 2 pour les Français) qui fut le théâtre des combats les plus acharnés entre les armées vietnamienne et les troupes française. On peut voir et même se balader dans les tranchées et observer un énorme cratère d’obus.
- Juste à côté se trouve le poignant cimetière militaire vietnamien, un lieu de mémoire empreint de solennité où les familles viennent se recueillir, autour des tombes surmontées de l'étoile et sur lesquelles elles font brûler des baguettes d'encens.
- Juste en face on peut se rendre au musée de la guerre où plus de 1.000 objets, photos et documents, reliefs, sculptures, animations répartis selon différents thèmes narrent le déroulé, l’après bataille et l’histoire des prisonniers.
- A un petit quart-heure à pied vous pouvez découvrir le poste de commandement de De Castries. Le 7 mai 1954 vers 17h30, l’état-major français capitule sans condition et le drapeau rouge à étoile jaune flotte sur le toit de la casemate de commandement. Juste derrière le poste, se trouvent quelques pièces d’artillerie.
- Non loin de là, à 300 mètres à peu près, après avoir passé un char, se trouve un très modeste monument aux morts français érigé par un légionnaire avec ses propres deniers. L’armée française n’a jamais dénié construire un monument rendant hommage à ses valeureux soldats.
- Vous pouvez ensuite prendre le fameux pont Bailey, aujourd’hui Muong Thanh, conçu par le Génie américain en 1941. Ce pont préfabriqué portatif resté intact depuis la fin de la bataille, qui enjambe le fleuve de Nâm Rôn, aujourd’hui interdit aux voitures, permet d’accéder au vibrant marché de Dien Bien Phu.
La belle campagne
D’autres vestiges historiques sont disséminés dans la campagne de Dien Bien Phu comme des pièces d’artillerie du Viet Minh, des monuments rendant hommage au courage des soldats nord-vietnamiens et surtout le poste de commandement du général Vo Nguyen Giap, grand vainqueur de cette bataille et héros de la nation. Visiter ces sites historiques est l’occasion d’une très agréable balade.
Bien que montagneuse, la région de Dien Bien Phu abrite quelques superbes vallées rizicoles où vivent en harmonie les ethnies Thaï et Hmong notamment. Les Thaï noir sont très nombreux dans la région et c’est pour ça que jadis la région était appelée le pays Thaï, une région autonome constituée de plusieurs seigneuries dès le XVIIe siècle sous la Dynastie Lê avec qui Auguste Pavie dû habilement négocier.
Les femmes de l’ethnie Thaï noir se reconnaissent à leur chignon si caractéristique épinglé souvent d’une piastre indochinoise en argent ou d’un bijou. Gracieuses, elles portent avec élégance leur costume traditionnel qui se compose d’une jupe longue, noire, façon sarong, une courte veste fermée par des boutons en argent, une ceinture de soie verte et une chaîne d’argent à la hanche. On apprécie également leurs belles maisons en bois sur pilotis coiffées de jolies tuiles en terre cuite.
Bon à savoir
Vous pouvez vous rendre à Dien Bien Phu en avion, puis vous rendre au Laos en passant à Muang Khua, bourg fluvial situé sur la rivière Nam Ou. Vous pouvez également poursuivre en direction de la station climatique de Sapa ou bien vers les fabuleuses rizières en terrasses de Mu Cang Chai.
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