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Guide culturel du Vietnam

Femme Nung dans la province de Cao Bang
Femme Nung dans la province de Cao Bang 


Origine et population des Nung

Les Nung habitent surtout dans les provinces de Cao Bang et de Lang Son. Actuellement, une partie des Nung vivent à Ho Chi Minh ville, à Dong Nai, à Lam Dong et à Dak Lak.

Les coutumes des Nung

Selon les groupes et les localités, la maison Nung est bâtie soit à même le sol soit à moitié sur pilotis, avec des murs en pisé et un toit couvert de tuiles. Autrefois, les hommes vivaient sur le plancher (si la maison est sur pilotis), le bétail et la volaille au-dessous, les produits agricoles et les instruments aratoires étaient gardés dans un grenier près du toit. Aujourd’hui, la maison est plus large et bien aérée, l’espace sous le plancher est réservé aux instruments. On y garde aussi le bois, le bétail étant évacué dans des étables construites à une certaine distance de la maison principale.

La maison des Nung, contraire à celle des Thai, est divisée en deux parties suivant la largeur. Dans la partie antérieure, on place l’autel des ancêtres et reçoit les visiteurs. La partie postérieure sert à la fois de  chambre à coucher et de cuisine.

D’une manière générale, les Nung, surtout les femmes, s’habillent de la même façon avec quelques légères différences selon les localités. Les hommes portent une veste teinte en indigo au col officier et boutonnée sur le devant comme chez les ethnies voisines de la haute-région du Nord Vietnam. Seuls les Nung An ont adopté la veste à cinq pans boutonnée sur le côté, plus courte que celle des Tay, dont les manches s’agrémentent de pièces d’étoffes de couleurs diverses, et l’ourlet, d’une bordure différente selon les groupes. Un petit coussin rond ou ovale protège la veste quand il faut porter une charge sur l’épaule et un tablier, attaché sur le devant, tient lieu de tenue de travail. Aujourd’hui, les jeunes préfèrent le pantalon de coupe européenne et la chemise. Mais les gens âgés ne se résignent pas à abandonner le costume traditionnel.

Les Nung, agriculteurs de longue date, savent exploiter les rizières inondées sur lesquelles ils pratiquent la culture intensive. Mais par manque de terres, ils ne négligent ni rizières en terrasses ni brûlis. Leurs techniques culturales sont plus élaborées que celles des ethnies voisines. Depuis toujours, ils utilisent les engrais et surtout l’engrais d’étable. Ils ne pratiquent pas le repiquage du riz mais laissent la terre se reposer pendant l’hiver. Ils élèvent des murettes de pierres atteignant un mètre de hauteur autour des rizières en terrasses. Les espèces plantées en assolement durant toute l’année sur les brûlis et les jardins sont très variées. Le maïs et surtout le millet, l’arachide, les légumineuses, la patate douce pour réaliser les périodes de soudure, les légumes de toutes sortes pour garnir la table familiale 12 mois de l’année. Bambous, arbres fruitiers anis, laquiers poussent dans beaucoup de jardins. Aussi les Nung peuvent-ils être classés parmi les plus doués pour le jardinage du Vietnam.

L’élevage du bétail et de la volaille, activité pourtant secondaire, se développe bien. Chaque famille à sa basse-cour souvent bien peuplée de poules, canards, oies, porcs, buffles. Les Nung élèvent en outre des poissons dans les rizières.

L’artisanat, en particulier le tissage pour les besoins locaux, est d’une pratique courante. Chaque femme possède son métier à tisser, son lopin de terre pour planter de coton et l’indigotier. Les étoffes sont teintes plusieurs fois, puis battues jusqu’à ce que la surface devienne lustrée. Les vieux vêtements sont souvent teints une seconde fois. La menuiserie, la fabrication des briques en tuiles, des jarres et des cruches, du papier, le cardage du coton, la ciselure sur argent, la vannerie, etc sont pratiquée dans plusieurs villages.

Petite fille Nung dans la province de Cao Bang
Petite fille Nung dans la province de Cao Bang

Vie familiale et sociale des Nung

Les Nung vivent en hameaux, villages qui disséminés autrefois ont tendance aujourd’hui à s’assembler pour former les agglomérations plus importantes. Dans les villages, la disposition des maisons n’obéit à aucun plan déterminé, mais varie suivant la topographie de l’endroit. Les allées sont étroites et sinueuses. Un jardin souvent entoure la maison, on y plante poiriers, pruniers, orangers, pamplemoussiers, bananiers. Récemment, on voit apparaître des cabanes réservées aux travaux de vannerie, à la forge, à la fabrication des objets en bois. Souvent elles servent d’étables ou de porcheries.

Les Nung ont un sentiment national profond et témoignent d’une grande obéissance aux chefs locaux et à leurs ainés. Leur société s’est déjà différenciée en classes. Les terres communales n’existent pas. Les terres privées sont le fruit du défrichement individuel. Les notables locaux, propriétaires terriens exploitaient sans pitié les paysans.

Dans le village, l’unité de base est la petite famille patriarcale. Les problèmes d’héritage et de mariage sont l’affaire des hommes. Le mariage a un caractère commercial et les frais qu’il occasionne sont très élevés. Mais une fois mariée, la femme devient totalement dépendante de son marie et de ses beaux-parents. Le Confucianisme prescrit une distance rigoureuse entre la femme et son beau-père ou ses beaux-frères.

Vie spirituelle des Nung

Les Nung sont proches des Tay en ce qui concerne le culte des ancêtres, le rituel des fêtes et cérémonies annuelles. Adeptes du Bouddhisme, ils vénèrent Guan Yin. L’autel dédié à Bouddha est placé au-dessus de l’autel des ancêtres, l’endroit le plus sacré. Ils implorent la protection de Bouddha contre les calamités naturelles qui menacent la récolte, même chaque fois que quelqu’un tombe malade. Ils s’abstiennent de manger de la viande de bœuf, de buffle et de chien.

La croyance en l’existence d’un Génie de la Terre reste encore si vivace chez les Nung que chaque foyer lui réserve un autel placé hors de la maison. Certaines pratiques superstitieuses persistent, notamment chez les pauvres qui font, par exemple, appel au chaman (thay mo) pour procéder à l’exorcisme en cas de maladie ou d’accident. Ces chamans sont parmi ceux, très rares, qui connaissent l’écriture démotique nung utilisée pour la rédaction des livres de prières.

Le patrimoine littéraire et artistique est très riche. Très populaires sont les chants alternés (sli) et les chants de mariage (col au). Les airs et les sujets varient d’un groupe à l’autre. Ils chantent la nature, l’amertume du peuple face à l’oppression et à l’injustice de l’ancienne société. Les sli  parlent de l’amour, expriment l’espoir dans un avenir meilleur. Chanter le sli est depuis toujours une coutume populaire ; jeunes ou vieux, hommes ou femmes, tout le monde chante des sli, surtout pendant les jours du marché.

Les autres manifestation artistiques sont très proches de celles des Tay.

Source : DANG Nghiem Van, CHU Thai Son et LUU Hung, Ethnies minoritaires du Vietnam, 2010, The Gioi, Hanoi. 

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